par Hades » Dim Sep 24, 2006 3:55 pm
Voici en un peu plus détaillé, les réussite du Second empire:
Napoléon III (le nom de Napoléon II étant réservé au fils de Napoléon 1er, qui n'a jamais régné) restaure en 1852 l'Empire. D'emblée, il a instauré un régime dictatorial et limité très strictement la liberté d'expression. Mais au fil des années, le régime a évolué vers des formes plus libérales, proches d'un régime parlementaire.
Avec l'impératrice Eugénie, Napoléon III a animé une vie de cour brillante, aux Tuileries (Paris), à Fontainebleau et à Compiègne, sans oublier les stations thermales et balnéaires créées sous son égide (Biarritz,...). Cette cour est ouverte à toute la bourgeoisie sans esprit de classe et se montre accueillante pour les gens de lettres. Prosper Mérimée, l'auteur de Carmen et Colomba, fait partie des proches du couple impérial. Napoléon III lui-même, à l'occasion, donne un coup de pouce aux peintres d'avant-garde, d'où sortira le mouvement des impressionnistes.
Les orléanistes, partisans de la monarchie, se rallient à Napoléon III de bonne grâce, de même que certains leaders républicains sincères, tels Émile Ollivier ou encore l'historien Victor Duruy.
La société française s'est transformée sous l'impulsion de Napoléon III plus vite qu'en aucune autre période de son Histoire. C'est à cette époque qu'elle a accompli sa révolution industrielle.
L'empereur prend lui-même en main la politique économique et sociale du gouvernement.
Dès 1852, il participe à la création du Crédit foncier, un organisme de prêt chargé de faire des avances de fonds aux propriétaires fonciers. La même année, deux financiers entreprenants, les frères Pereire, fondent le Crédit Mobilier qui va devenir la plus grande banque d'affaires du pays avant de disparaître en 1867 pour cause de spéculations hasardeuses. En 1863 est fondé le Crédit Lyonnais et en 1864 la Société Générale, deux banques qui témoignent encore aujourd'hui du dynamisme du Second Empire.
De grands centres métallurgiques comme Le Creusot sont créés de toutes pièces. La France se couvre d'un réseau dense de voies ferrées, financé par les frères Pereire. En 18 ans, le réseau passe de 3.000 kilomètres à 20.000 kilomètres. Au titre des grands travaux, l'empereur apporte aussi son appui au percement du canal de Suez.
Napoléon III, convaincu des bienfaits du libre-échange, signe en 1860 un traité de libre-échange avec le Royaume-Uni. Agissant comme à son habitude dans le plus grand secret, il prend de court les entrepreneurs français, peu soucieux de se soumettre à la concurrence britannique. L'empereur institue aussi une union monétaire, l'Union latine, qui a englobé jusqu'à la Première Guerre mondiale de nombreux pays.
Enfin, pour répondre aux aspirations des meneurs ouvriers, Napoléon III, qui n'oublie pas sa jeunesse socialiste et révolutionnaire, impose à son gouvernement la mise en oeuvre en 1864 d'une loi accordant le droit de grève aux ouvriers. Les résultats ne se font pas attendre. Les arrêts de travail revendicatifs se multiplient. Mais qu'importe, c'est le prix à payer pour une société ouverte et l'empereur l'accepte de bon gré.
Avec Victor Duruy est relancée l'instruction publique.
Napoléon III, qui désirait écrire une Histoire de Jules César, avait consulté cet historien éminent aux sympathies républicaines ! Les deux hommes ayant de la sorte appris à s'estimer, Victor Duruy devient ministre de l'Instruction publique.
À ce poste, il met en oeuvre un projet très ambitieux d'enseignement laïc, gratuit et obligatoire, que reprendra plus tard, sous la IIIe République, Jules Ferry. Il tente aussi d'ouvrir l'enseignement secondaire public aux filles malgré l'oposition des congrégations religieuses, attachées à leur monopole.
Paris change de visage. Napoléon III engage à marches forcées la rénovation de la capitale. Le baron Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870, transcrit ses idées sur le terrain. Les quartiers médiévaux disparaissent au profit de larges avenues aérées, bordées d'immeubles en pierre de taille qui donnent encore aujourd'hui à la ville un caractère inimitable.
En Outre-mer, au Sénégal, au Cambodge, en Cochinchine, en Nouvelle-Calédonie, les troupes marines de Napoléon III jettent les bases d'un nouvel empire colonial que la IIIe République aura à coeur d'étendre.
En 1852, la France possède hors d'Europe des débris hérités de l'Ancien Régime (d'avant la Révolution) :
– les îlots de Saint-Pierre et Miquelon au large de Terre-Neuve,
– la Martinique et la Guadeloupe dans les Antilles,
– la Guyane en Amazonie,
– l'île Bourbon (on dit aujourd'hui La Réunion) dans l'océan Indien,
– quelques comptoirs au Sénégal (Saint-Louis-du-Sénégal) et aux Indes (Pondichéry, Karikal, Mahé, Chandernagor, Yanaon).
Elle exerce aussi sa souveraineté sur des territoires acquis plus récemment, sous le règne de Louis-Philippe 1er : l'Algérie en premier lieu mais aussi des comptoirs en Côte d'Ivoire, au Gabon et à Madagascar, ainsi que les îles de Mayotte et Nossi-Bé (au large de Madagascar) et l'île de Tahiti.
Le gouvernement impérial voit dans les conquêtes coloniales une occasion de manifester la grandeur de la France.
– Il soumet la Kabylie, dernier îlot de résistance en Algérie, avec le projet de transformer la colonie en un «royaume arabe» plus ou moins autonome, inféodé à la France et dont Napoléon III serait le souverain (son projet va soulever l'ire des colons européens, qui vont s'allier aux républicains en vue de renverser l'Empire à la première occasion).
– Il acquiert le port d'Obock au débouché de la mer Rouge, en vue de surveiller le trafic maritime vers l'océan Indien.
– Il étend la colonie du Sénégal grâce à un officier de génie, Faidherbe. Ne disposant que de quatre compagnies d'infanterie de marine, celui-ci recrute des soldats sur place, les tirailleurs et spahis sénégalais.
Il établit des postes à l'intérieur du pays et oblige les chefs locaux à se mettre sous la «protection» de la France. En même temps, il se montre respectueux des coutumes locales et repousse les colons désireux de mettre le pays en coupe réglée.
– L'opinion publique suit surtout les progrès de la pénétration française dans le Pacifique, avec la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie, et en Indochine, avec l'occupation de Saigon en vue de protéger les chrétiens locaux, puis l'établissement d'une convention avec le roi du Cambodge.